01 Avr Un sentiment de liberté
Aujourd’hui, chez moi, en confinement depuis quelques semaines, j’écoute de la musique forte pour m’aider à rester dans le moment présent, pour m’aider à vivre toutes sortes d’émotions qui se bousculent à l’intérieur de moi. La musique me fait un bien fou. Tout d’un coup, j’ai peur. J’ai peur que ma musique dérange le locataire qui habite au-dessus de chez moi. Je baisse la musique.
Il y a longtemps que je n’ai pas pensé à ma liberté.
Suis-je libre?
Suis-je une personne libre dans sa vie?
La réponse est non, bien sûr.
Est-ce que quelqu’un est libre ici?
Qu’est-ce que la liberté, la vraie liberté?
Et puis je me demande, presqu’avec effroi et en retenant mon souffle à l’idée d’une possible réponse négative :
Ai-je déjà ressenti le vrai sentiment de la liberté?
Silence. Puis je respire à nouveau. Oui! Fiou! Absolument! J’ai déjà vécu la liberté. Et vous?
Sommes-nous vraiment libres?
J’ai déjà vécu la liberté… Mais suis-je libre tous les jours? Non, je ne crois pas que je suis libre, que NOUS sommes libres.
Dès l’enfance, la liberté se coupe furtivement de notre être, petit à petit, sans que nous ne nous en rendions compte. Et ce n’est de la faute de personne. On nous apprend à faire cela comme il faut, à ne pas faire ceci de cette manière, à respecter un horaire construit par les autres, à faire des gestes qui respectent nos conventions sociales, etc.
Puis nous conservons tout ce bagage de murs et de labyrinthes qui nous ont probablement opprimés dans le passé, même si on ne s’en souvient plus trop, et nous répétons ces constructions constamment dans nos choix de vie. On désire pourtant faire pour le mieux, c’est vrai. Mais on se retrouve malgré tout perpétuellement dans des structures opprimantes : le couple, le travail, l’horaire, les loisirs structurés, etc.
Le tout se retrouve en plus enseveli de choses matérielles à n’en plus finir, pour essayer de combler d’une certaine façon notre manque flagrant de liberté. Mais la vérité est que nous n’en possédons pas la clé, et nous ne la posséderons jamais d’ailleurs. En effet, nous vivons tous en groupe défini et devons maintenir un équilibre social. Bien sûr, chaque personne ne le vit pas de la même manière, ressentant ces murs parfois plus hauts, parfois plus bas.
Retrouver ma liberté dans la forêt
Mais à travers cela, il y a des petits moments éternels de liberté, de vraie liberté.
Pour moi, la liberté, c’est surtout dans la forêt que je la trouve.
Je n’ai pas besoin de partir des jours dans la forêt profonde pour ressentir la liberté.
Il suffit d’une marche, d’un rayon de soleil, de la fine pluie, d’une odeur de sapin…
Je respire profondément et je me sens libre.
Libre d’être qui je suis devant la vie qui se perpétue,
Libre de chanter,
Libre de ne rien dire,
Libre de plonger dans mes pensées les plus sinueuses,
Libre de me sentir vivante,
Libre que tous mes sens s’expriment,
Libre de ne penser à rien,
Libre de laisser mon cœur et le centre de mon être rayonner avec une lumière unique, la mienne.
La générosité de la forêt me surprend à chaque fois! Parfois je me dis que ça doit venir de son immense beauté, qui dépasse ce que l’on appelle la perfection. C’est plus grand et plus vaste que ce que mes yeux voient et mes oreilles entendent. Et c’est peut-être cette grandeur de la nature, dont je ne perçois ni les limites ni l’ampleur de toute sa signification, qui m’apporte la liberté après tout, qui sait.
Je sais que chaque personne trouve sa propre liberté, petite ou grande, à différents endroits et différents moments. Et vous, où trouvez-vous votre liberté?
. . .
C’est dans ces pensées que je reviens à mon appartement et à ma musique. Rien n’est perdu, il y a des solutions à tout. Je prends mes écouteurs, et j’écoute ma musique forte 🙂